Astuce 6 : Tout est question de caractère...

Vos personnages vous paraissent ternes ? Ils vous semblent insipides ? C’est peut-être parce que vous avez voulu rendre votre héros trop parfait. Erreur !

L’homme et la femme constituent des personnalités complexes qui évoluent dans un monde plein d’aspérités. Sherlock Holmes n’a jamais été un homme parfait, Hercule Poirot ne l’est pas non plus.

Pour être intéressants, vos personnages doivent donc avoir une personnalité rapidement identifiable. Pour cela, je vous invite à un exercice simple : rédiger une fiche sur chacun d’eux afin de décrire leurs principaux traits de caractère. L’idéal est d’identifier au moins trois qualités et trois défauts. Vous pouvez également décrire en une phrase ce qui caractérise leur personnalité.

Si vous rencontrez des difficultés, vous pouvez vous entraîner en vous appuyant sur les traits de caractère d’une personne que vous connaissez. Vous pouvez également vous amuser à mélanger les tempéraments de plusieurs de vos amis jusqu’à ce que vous trouviez un personnage qui vous parle.

Attention, tout de même : votre personnage devra tenir un discours en cohérence avec sa personnalité. Les fiches vous seront utiles afin de ne pas vous égarer lors de la rédaction des dialogues.

Prenons un exemple caricatural de dialogue entre un patron rentier un peu snob et un représentant syndical. Ils essayent tous deux de convaincre un jeune chômeur de 20 ans d’adhérer à l’une ou l’autre de leurs idées.

- « Jeune Homme, sachez qu’il ne peut y avoir de salaire sans travail ! Si je peux me targuer d’avoir aujourd’hui une telle situation, c’est que j’ai travaillé dur. Aujourd’hui j’emploie, cinq cents personnes et j’en fais vivre un millier d’autres grâces aux effets indirects.

- L’écoute pas, fiston ! ce qu’il ne te dit pas le patron, c’est que si on travaillait moins et bien ça laisserait du travail pour les autres ! Et puis, si on taxait les bénéfices, ça permettrait d’en redistribuer la richesse.

- Vous êtres trop « ouf » tous les deux ! je préfère me casser… »

Vous avez reconnu les personnages ? J’ai grandement exagéré, mais suis-je si loin de la réalité ?

Retenez ce conseil : n’hésitez surtout pas à forcer le trait.

Dans la vraie vie, comme dans les romans, les personnages marquants affichent des traits de caractère à la limite de la caricature, à la grande satisfaction des imitateurs. Il en est de même dans la littérature. Pensez à Julien Sorel dans le rouge et le noir : n’est-il pas ambitieux et calculateur ? Au théâtre, pensez-vous que Cyrano agit dans l’unique but d’aider Christian ? Ces deux personnages ne sont pas des êtres parfaits et pourtant ils deviennent attachants.

Reprenons au dialogue entre nos trois personnages.

Je vous propose maintenant de conserver l’échange dans le même ordre que précédemment, mais d’y introduire un style inadapté pour chacun d’eux.

- « Hé le blaireau ! il va falloir bosser si tu veux que je te lâche du flouze ! Moi j’ai trimé dur pour me payer ma baraque et ma grosse bagnole. Maintenant, j’ai cinq cents mecs qui bossent pour moi et mille autres qui me lèchent les bottes.

- Que nenni, mon brave ! Cet homme n’est point bon. À trop serrer l’ouvrage, l’homme casse la bobine. Ce malotru croule sous un orage de richesses qui ne demande qu’à couler en pluie pour le plus grand bénéfice du peuple.

- Bon les camarades, ce n’est pas que je m’ennuie, mais je suis invité à une boum ce soir »

Là encore, j’ai forcé le trait, mais en introduisant plusieurs incohérences : Le patron utilise de nombreux termes familiers, vulgaires ou injurieux. La construction grammaticale de ses phrases laisse à désirer.

Le syndicaliste n’est pas mieux loti. Son style emprunté semble tout droit sorti d’un ouvrage du dix-huitième siècle.

Enfin, le jeune de vingt ans s’exprime comme s’il vivait dans les années 1980.

Je vous invite donc à retenir ce second conseil : à moins que vous cherchiez à écrire un texte au style totalement décalé, pensez à construire vos dialogues en cohérence avec les traits de caractère de votre personnage avec son âge et avec son époque.

C’est désormais à vous de jouer. Surtout, n’oubliez pas : tout est question de caractère !